Histoire pour Noël

Tout était prêt. Le moment que Dieu attendait depuis toujours était enfin arrivé. Dieu venait pour aider son peuple, comme il l’avait promis depuis le début.

Mais comment allait-il venir ? À quoi ressemblerait-il ? Qu’allait-il faire ?

 

Zacharie s’arrêta à l’entrée du Temple. Il leva la tête pour contempler les colonnes blanches et les ornements dorés. Il n’aimait pas beaucoup le roi Hérode – c’était un homme cruel et, de plus, il était de mèche avec l’envahisseur romain – mais le Temple qu’il avait bâti à Jérusalem était une pure merveille. Zacharie avait entendu parler de celui que son peuple avait construit au retour d’exil. Il savait qu’il était très simple, car les Juifs n’avaient pas eu beaucoup d’argent en ce temps-là. En revanche ils pouvaient être fiers de ce nouveau Temple qui était magnifique.

Zacharie se dépêcha de pénétrer dans le sanctuaire. Il était prêtre et c’était son tour de brûler l’encens sur l’autel, pendant que le peuple priait à l’extérieur. Il s’acquitta de sa tâche et regarda avec crainte et respect le tourbillon de fumée odorante qui s’élevait dans l’air.

Un mouvement à droite de l’autel attira son attention. Qu’était-ce donc ? Cela ne pouvait pas être…

« N’aie pas peur, lui dit l’ange. Dieu a entendu ta prière. Ta femme aura un fils et tu l’appelleras Jean. Il sera prophète et ramènera beaucoup d’hommes au Seigneur.
Comment saurais-je que c’est vrai ? demanda Zacharie en secouant la tête. Ma femme Élisabeth et moi sommes déjà vieux.
Je suis Gabriel, dit l’ange. Je t’ai annoncé ce message directement de la part de Dieu et tu ne l’as pas cru. À cause de cela, tu seras muet jusqu’au jour où l’enfant naître. »

L’ange disparut. Zacharie resta longtemps immobile, comme cloué sur place par la stupeur. Il sortit enfin, d’un pas mal assuré.

Les fidèles qui étaient venus adorer Dieu ne comprenaient pas pourquoi il était resté si longtemps dans le sanctuaire. Il voulut leur raconter ce qui lui était arrivé, mais il était incapable de parler. Il essaya de s’exprimer par gestes, sans grand succès.

Quand Zacharie eut achevé son temps de service, il retourna chez lui retrouver son épouse, Élisabeth. Il eut alors tout le temps nécessaire pour réfléchir au sens de sa vision.

Un beau jour, Élisabeth courut vers lui pour lui annoncer une grande nouvelle : « Je suis enceinte ! s’écria-t-elle. C’est incroyable ! »

 

Marie et l’ange

Nazareth était une petite ville sans importance, nichée dans les collines de Galilée. Elle ne comptait que quelques maisons à toit plat et il ne s’y était jamais rien passé d’important.

Un jour, Dieu envoya l’ange Gabriel auprès d’une jeune fille qui habitait là. Elle s’appelait Marie était fiancée à un homme du nom de Joseph.

« La paix soit avec toi, lui dit l’ange. Dieu est avec toi et il t’a bénie. »

Marie leva les yeux, tremblante de peur. Qui était cet inconnu qui lui parlait ? Et que signifiaient ces paroles ?

« N’aie pas peur, reprit l’ange. Dieu t’a choisie pour mettre au monde un fils. Tu lui donneras le nom de Jésus. On l’appellera Fils du Dieu Très-Haut. Il sera le roi de ton peuple et son règne n’aura pas de fin. »

« C’est impossible, répondit Marie en secouant la tête. Je ne peux pas avoir d’enfant, car je n’ai pas encore de mari. »
Elle regarda Gabriel droit dans les yeux. L’ange soutint son regard : « Ce que je t’ai dit s’accomplira par la puissance de Dieu, dit-il. Souviens-toi de ta parente Élisabeth : tout le monde la croyait trop vieille pour avoir un enfant, et voilà qu’elle est enceinte de six mois. Rien n’est impossible à Dieu. »
Marie baissa les yeux : « Je suis prête à obéir au Seigneur, dit-elle. Si ce que tu dis est vrai, je l’accepte. »

Tout à coup, elle se retrouva à nouveau seule. Elle avait de la peine à croire ce qui venait de se passer.

 

Marie et Élisabeth

Peu de temps après la visite de l’ange, Marie décida d’aller rendre visite à Élisabeth. L’ange lui avait parlé de sa parente ; peut-être celle-ci comprenait-elle quelque chose à ce qui se passait. Marie marcha d’un bon pas jusqu’à la ville de Judée où habitaient Zacharie et Élisabeth.

Arrivée à la porte de leur maison, elle appela : « Ohé ! Il y a quelqu’un ? Je suis Marie, de Nazareth. »

Élisabeth posa la main sur son ventre. Elle sentait son bébé remuer en elle. Elle comprit subitement pourquoi Marie était venue.

« Marie ! s’écria-t-elle. Dieu t’a bénie plus que toute autre femme. Il a aussi béni l’enfant que tu vas mettre au monde. C’est un grand honneur pour moi que tu viennes me voir. Le bébé que je porte a sauté de joie dans mon ventre. Tout cela arrive parce que tu as une profonde confiance en Dieu. »

Marie n’avait jamais été aussi heureuse. Elle entonna ce cantique :

Je loue le Seigneur du fond de mon cœur.
Dieu m’a bénie, je suis heureuse grâce à lui.
Notre Dieu vient en aide à notre peuple,
Toutes ses promesses s’accomplissent.

 

Les deux femmes se réjouirent et chantèrent ensemble. Il fut décidé que Marie resterait quelque temps chez Élisabeth. Elles avaient tellement de choses à partager !

Au bout de plusieurs semaines, Marie retourna chez elle. Peu de temps après, Élisabeth donna naissance à son bébé. Tout le monde fut surpris d’apprendre qu’elle voulait l’appeler Jean. « Pourquoi pas Zacharie, comme son père ? » s’étonnèrent les voisins.

Zacharie demande une tablette sur laquelle il écrivit : « Son nom est Jean. » Aussitôt, il put à nouveau parler et il commença à louer Dieu : « Dieu a promis de venir en aide à son peuple et je sais maintenant que toutes ses paroles s’accompliront. »

 

Joseph

Joseph était un homme bon et droit et il s’était toujours efforcé de se conduire d’une manière juste. Lorsqu’il apprit que Marie, sa fiancée, était enceinte, il fut à la fois consterné et perplexe.

« Que dois-je faire maintenant ? se demanda-t-il. Je ne peux plus l’épouser, mais je ne veux pas non plus que tout le monde la montre du doigt. »

Après avoir beaucoup réfléchi, il prit sa décision : « Je vais rompre secrètement les fiançailles, se dit-il. Ainsi, Marie et sa famille pourront reprendre une vie à peu près normale. Quant à moi, je n’aurai plus qu’à refaire ma vie une fois que les commérages auront cessé. »

Plus il y pensait et plus cette solution lui paraissait bonne. Certes, il était triste parce qu’il aimait toujours Marie, mais le temps guérirait son chagrin. Il se coucha et s’endormit.

Cette nuit-là, un ange lui apparut dans un rêve. « Joseph, n’aie pas peur d’épouser Marie, lui dit l’ange. Tout cela fait partie du plan de Dieu. Elle mettra au monde un fils qui sauvera son peuple de ses péchés. Tu l’appelleras jésus. »

Quand Joseph se réveilla, le message de l’ange résonnait toujours dans ses oreilles. Il revint aussitôt sur la décision qu’il avait prise la veille. « J’épouserai Marie et je prendrai bien soin d’elle et de l’enfant, quoi qu’il en coûte. »

 

Le bébé dans la mangeoire

Le pays où habitaient les Juifs était une province de l’Empire romain. À cette époque, l’empereur Auguste publia une nouvelle loi qui ordonnait de faire le recensement de tous les habitants de l’Empire. Il voulait savoir exactement combien il avait de sujets et combien d’impôts il récolterait.

C’était un travail considérable : chacun devait se faire inscrire sur une liste officielle dans la ville dont sa famille était originaire. Joseph et Marie devaient être recensés ensemble, car ils allaient bientôt se marier. Joseph, qui descendait du grand roi David, partit donc de Nazareth en Galilée avec sa fiancée, pour se rendre à Bethléem en Judée.

Dans tout l’Empire, des gens étaient en voyage pour la même raison. Lorsque Marie et Joseph arrivèrent à Bethléem, ils ne trouvèrent aucune chambre où loger.

« Mon bébé va bientôt naître, dit Marie, inquiète. Nous devons trouver un endroit pour passer la nuit. »

Le seul endroit où ils purent s’installer fut un abri pour les animaux de ferme. Au moins avaient-ils un toit au-dessus de leurs têtes.

C’est là que naquit le bébé de Marie. Elle l’enveloppa de langes et le coucha tendrement dans une mangeoire, comme si c’était le plus beau berceau du monde. Elle le regarda dormir en souriant. Pour sa première nuit sur terre, son enfant n’avait même pas de vraie maison. La parole de l’ange s’accomplirait-elle ? Appellerait-on vraiment ce bébé « Fils du Dieu Très-Haut » ?

 

Les bergers sur les collines

Des bergers passaient la nuit sur les collines environnantes. Ils veillaient sur leurs troupeaux, car la nuit était pleine de dangers. Un voleur, un renard ou même un lion pouvaient surgir de l’obscurité et s’attaquer aux moutons.

Oh ! Mais qu’était-ce là, dans le ciel ? Un éclair ? Non, la lumière ne disparaissait pas et en son milieu se tenait quelqu’un qui brillait comme de l’or.

« N’ayez pas peur » leur dit l’ange – car c’était bien d’un ange qu’il s’agissait. « Je vous annonce une bonne nouvelle, qui remplira le monde entier de joie. Cette nuit à Bethléem, est né un nouveau roi, celui que Dieu avait promis, le Messie, le Christ. Voici comment vous saurez que je vous dis la vérité : vous trouverez le bébé enveloppé de langes et couché dans une mangeoire. »

Tout à coup, une multitude d’anges apparut dans le ciel. Ils chantaient : « Gloire à Dieu dans les cieux ! Et paix sur la terre ! »

L’espace d’un instant, une même lumière pure et claire illumina le ciel et la terre. Puis le ciel redevint noir et tous les anges disparurent.

Les bergers restèrent immobiles, frappés de stupeur. « Ça alors ! s’exclama enfin l’un d’eux. Avons-nous rêvé ? Et si nous allions à Bethléem ? »

Ils dévalèrent la colline et parcoururent les rues de la ville à la recherche du bébé. Ils ne tardèrent pas à trouver Marie, Joseph et le petit enfant, exactement comme l’ange le leur avait dit. Marie les écouta attentivement. Elle ne voulait oublier aucun détail de cette nuit merveilleuse.

 

Dans le Temple

La coutume juive voulait qu’une semaine après la naissance d’un bébé, on organise une cérémonie au cours de laquelle on lui donnait un nom. Marie et Joseph appelèrent leur fils Jésus, comme l’ange le leur avait indiqué.

Peu de temps après, ils se rendirent au Temple de Jérusalem pour consacrer leur bébé à Dieu. Pendant qu’ils se trouvaient là, un vieil homme nommé Siméon s’approcha d’eux. Marie le laissa prendre l’enfant dans ses bras. Son vieux visage se plissa en une multitude de petites rides, tandis qu’il souriait au nouveau-né. Il se sentait étrangement heureux et il savait pourquoi.

« Je peux mourir heureux maintenant, dit-il. J’ai vu de mes propres yeux celui que Dieu a envoyé pour nous sauver, celui qui sera en bénédiction au monde entier. » Puis il leva les yeux vers Marie et ajouta : « Prépare-toi à vivre des moments difficiles. Tu auras le cœur brisé à cause de ce qui arrivera à ton fils. »

Une femme âgée nommée Anne s’approcha à son tour pour voir l’enfant. « Quel beau bébé ! » s’exclama-t-elle. Son visage s’éclaira d’une joie qu’il le fit soudain paraître beaucoup plus jeune. « Grâces soient rendues à Dieu ! Je suis sure que cet enfant est celui que Dieu a promis d’envoyer à notre peuple. Quelle merveilleuse nouvelle ! Il faut que j’annonce à tout le monde que Dieu va faire de grandes choses pour nous – aussi grandes que les miracles dont a été témoin notre peuple par le passé. Oh, voilà déjà quelqu’un là-bas à qui je vais le dire ! »

Pendant que la vieille femme s’éloignait à petits pas pressés, Marie reprit son bébé des bras de Siméon et le serra contre elle.

 

L’étoile dans le ciel d’orient

A l’époque de la naissance de jésus, une nouvelle étoile apparut dans le ciel nocturne.

Quelques astronomes la virent et furent saisis d’une grande émotion.

« Quelle découverte ! se dirent-ils l’un à l’autre. Quel signe extraordinaire !
Elle ne peut signifier qu’une seule chose : un roi est né chez les Juifs.
Et ce doit être un très grand roi, pour que sa venue soit annoncée de manière si spectaculaire ! »

Les hommes décidèrent de partir à la recherche du roi nouveau-né.
« Il est probablement à Jérusalem, se dirent-ils. C’est la capitale du peuple juif. »

Lorsqu’ils arrivèrent à Jérusalem, ils demandèrent autour d’eux : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? » Personne ne put leur répondre, mais la nouvelle de leur recherche se répandit dans la ville. Elle finit par arriver aux oreilles du roi Hérode.

Il convoqua les prêtres et les spécialistes de la loi juive. « Il est beaucoup question en ce moment d’un roi et d’un signe dans le ciel, leur dit-il. Je me demande si cela a quelque chose à voir avec ce Messie dont parlent les Écritures. Savez-vous si les textes nous donnent des indications utiles… comme l’endroit où il doit naître ? »

« En effet, lui répondirent-ils. Écoute ces paroles du prophète Michée :
Bethléem… de toi sortira un chef qui guidera mon peuple. »

« Parfait ! » s’écria Hérode. Il fit appeler un de ses officiers et lui dit : « Je veux parler à ces astronomes en cachette. Fais-les venir discrètement à mon palais. »

Le roi rencontra les astronomes à la faveur de la nuit.

« Allez à Bethléem. Je suis sûr que des hommes sages et instruits comme vous n’auront aucun mal à trouver cet enfant » leur dit-il sur un ton flatteur. Se penchant en avant, il ajouta tout bas : « Moi aussi, j’aimerais savoir où il est. Quand vous l’aurez trouvé, promettez-moi de revenir me le dire. »

 

Les trois cadeaux

Les astronomes poursuivirent leur voyage.

« Regardez ! dit l’un d’eux. L’étoile brille juste au-dessus de la route qui mène à Bethléem. Elle nous montre vraiment le chemin ! »

De fait, l’étoile les conduisit jusqu’à une maison précise. Ils entrèrent et, à leur grande joie, découvrirent Marie et Jésus. Ils se prosternèrent devant le petit enfant et l’adorèrent. Puis ils déballèrent les cadeaux qu’ils lui avaient apportés : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

Les astronomes se reposèrent avant d’entreprendre le voyage du retour. Pendant qu’ils dormaient, Dieu les avertit dans un rêve de ne pas retourner auprès d’Hérode.

« D’après ce que j’ai entendu, dit l’un d’eux, ce roi peut faire preuve d’une grande cruauté quand il se met en colère. Ses rivaux ont la fâcheuse manie de disparaître les uns après les autres. »

Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin. La nuit qui suivit leur départ, Joseph fit un rêve à son tour. Un ange lui parla à nouveau et lui dit : « Lève-toi immédiatement ! Prends l’enfant et sa mère et fuis en Égypte. Le roi Hérode est à la recherche du roi nouveau-né. Il veut le tuer. »

Cette même nuit, la petite famille partit pour l’Égypte. Ils attendirent qu’Hérode, qui en voulait à la vie de l’enfant, soit mort pour retourner dans leur pays. Ils s’installèrent à Nazareth.